Aller au contenu

Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« les fidèles », « les saints », « les frères », « les disciples » ; mais il n’y avait pas de nom officiel et public pour les désigner. C’est à Antioche que le nom de christianus fut formé[1]. La terminaison en est latine, et non grecque, ce qui semble indiquer qu’il fut créé par l’autorité romaine, comme appellation de police[2], de même que herodiani, pompeiani, cæsariani[3]. Il est certain, en tout cas, qu’un tel nom fut formé par la population païenne. Il renfermait un malentendu ; car il supposait que Christus, traduction de l’hébreu Maschiah (le Messie), était un nom propre[4]. Plusieurs même de ceux qui étaient peu au courant des idées juives ou chrétiennes, devaient être amenés par ce nom à croire que Christus ou Chrestus était un chef de parti encore vivant[5].

  1. Act., xi, 26.
  2. Les passages I Petri, iv, 16, et Jac., ii, 7, comparés à Suétone, Néron, 16, et à Tacite. Ann., XV, 44, confirment cette idée. Voir aussi Act., xxvi, 28.
  3. Il est vrai qu’on trouve Ἀσιανός (Act., xx, 4 ; Philon, Legatio, 36 ; Strabon, etc.). Mais il paraît que c’est là un latinisme, de même que Δαλδιανοί, et les noms des sectes, Σιμωνιανοί, Κηρινθιανοί, Σηθιανοί, etc. Le dérivé hellénique de χριστός eût été χρίστειος. Il ne sert de rien de dire que la terminaison anus est une forme dorique du grec ηνος ; on n’avait nulle souvenance de cela au premier siècle.
  4. Tacite (loc. cit.) le prend ainsi.
  5. Suétone, Claude, 25. Nous discuterons ce passage dans notre livre suivant.