Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/317

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maison lui devait[1]. Les orthodoxes, en un mot, eurent en lui un roi selon leur cœur.

Il était inévitable qu’un prince de ce caractère persécutât les chrétiens. Sincère ou non, Hérode Agrippa était un souverain juif dans toute la force du terme[2]. La maison d’Hérode, en s’affaiblissant, tournait à la dévotion. Ce n’était plus cette large pensée profane du fondateur de la dynastie, aspirant à faire vivre ensemble et sous l’empire commun de la civilisation les cultes les plus divers. Quand Hérode Agrippa devenu roi mit pour la première fois le pied à Alexandrie, ce fut comme roi des Juifs qu’on l’accueillit ; ce fut ce titre qui irrita la population et donna lieu à des bouffonneries sans fin[3]. Or, que pouvait être un roi des Juifs, si ce n’est le gardien de la Loi et des traditions, un souverain théocrate et persécuteur ? Depuis Hérode le Grand, sous lequel le fanatisme fut tout à fait comprimé, jusqu’à l’explosion de la guerre qui amena la ruine de Jérusalem, il y eut ainsi une progression toujours croissante d’ardeur religieuse. La mort de Caligula (24 janvier 41) avait produit une réaction favorable aux Juifs. Claude fut en général bienveillant pour eux[4],

  1. Jos., Ant., XIX, vi, 3.
  2. Juvénal, Sat. vi, 158-159 ; Perse, Sat. v, 180.
  3. Philon, In Flaccum, § 5 et suiv.
  4. Jos., Ant., XIX, v, 2 et la suite ; XX, vi, 3 ; B. J., II, xii, 7.