Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/331

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les montagnes[1], se manifestait de plus en plus.

On voit, du moins, que la question des prosélytes se posait dans le judaïsme et le christianisme de la même manière. De part et d’autre, on sentait le besoin d’élargir la porte d’entrée. Pour ceux qui se plaçaient à ce point de vue, la circoncision était une pratique inutile ou nuisible ; les observances mosaïques étaient un simple signe de race, n’ayant de valeur que pour les fils d’Abraham. Avant de devenir la religion universelle, le judaïsme était obligé de se réduire à une sorte de déisme, n’imposant que les devoirs de la religion naturelle. Il y avait là une sublime mission à remplir, et une partie du judaïsme, dans la première moitié du premier siècle, s’y prêta d’une manière fort intelligente. Par un côté, le judaïsme était un de ces innombrables cultes nationaux[2] qui remplissaient le monde, et dont la sainteté venait uniquement de ce que les ancêtres avaient adoré de la sorte ; par un autre côté, le judaïsme était la religion absolue, faite pour tous, destinée à être adoptée de tous. L’épouvantable débordement de fanatisme qui prit le dessus en Judée, et qui amena la guerre d’extermination, coupa court à cet avenir.

  1. Luc, xxi, 21.
  2. Τὰ πάτρια ἔθη, expression si familière à Josèphe, quand il défend la position des Juifs dans le monde païen.