Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/330

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tés comme des modèles de piété et de détachement[1].

C’est par là que la famille royale d’Adiabène appartient à l’histoire du christianisme. Sans être chrétienne, en effet, comme certaines traditions l’ont voulu[2], cette famille représenta sous différents égards les prémices des gentils. En embrassant le judaïsme, elle obéit au sentiment qui devait amener au christianisme le monde païen tout entier. Les vrais Israélites selon Dieu étaient bien plutôt ces étrangers, animés d’un sentiment religieux si profondément sincère, que le pharisien rogue et malveillant, pour lequel la religion n’était qu’un prétexte de haines et de dédains. Ces bons prosélytes, parce qu’ils étaient vraiment saints, n’étaient nullement fanatiques. Ils admettaient que la vraie religion pouvait se pratiquer sous l’empire des codes civils les plus divers. Ils séparaient complètement la religion de la politique. La distinction entre les sectaires séditieux qui devaient défendre Jérusalem avec rage, et les pacifiques dévots qui, au premier bruit de guerre, devaient fuir vers

  1. Talm. de Jérus., Peah, 15 b, où l’on prête à l’un des Monobaze quelques maximes qui rappellent tout à fait l’Évangile (Matlh., vi, 19 et suiv.) ; Talm. de Bab., Baba Bathra, 11 a ; Joma, 37 a ; Nazir, 19 b ; Schabbath, 68 b ; Sifra, 70 a ; Bereschith rabba, xlvi, fol. 51 d.
  2. Moïse de Khorène, II, 35 ; Orose, VII, 6.