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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/353

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La Méditerranée était depuis mille ans la grande route où s’étaient croisées toutes les civilisations et toutes les idées. Les Romains, l’ayant délivrée de la piraterie, en avaient fait une voie de communication sans égale. Une nombreuse marine de cabotage rendait très-faciles les voyages sur les côtes de ce grand lac. La sécurité relative qu’offraient les routes de l’Empire, les garanties qu’on trouvait dans les pouvoirs publics, la diffusion des Juifs sur tout le littoral de la Méditerranée, l’usage de la langue grecque dans la portion orientale de cette mer[1], l’unité de civilisation que les Grecs d’abord, puis les Romains y avaient créée, firent de la carte de l’Empire la carte même des pays réservés aux missions chrétiennes et destinés à devenir chrétiens. L’orbis romain devint l’orbis chrétien, et en ce sens on peut dire que les fondateurs de l’Empire ont été les fondateurs de la monarchie chrétienne, ou du moins qu’ils en ont dessiné les contours. Toute province conquise par l’empire romain a été une province conquise au christianisme. Qu’on se figure les apôtres en présence d’une Asie Mineure, d’une Grèce, d’une Italie divisées en cent petites républiques, d’une Gaule, d’une Espagne, d’une Afrique, d’une Égypte en possession de vieilles institutions nationales, on

  1. Cicéron, Pro Archia, 10.