Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/354

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n’imagine plus leur succès, ou plutôt on n’imagine plus que leur projet ait pu naître. L’unité de l’Empire était la condition préalable de tout grand prosélytisme religieux, se mettant au-dessus des nationalités. L’Empire le sentit bien au ive siècle ; il devint chrétien ; il vit que le christianisme était la religion qu’il avait faite sans le savoir, la religion délimitée par ses frontières, identifiée avec lui, capable de lui procurer une seconde vie. L’Église, de son côté, se fit toute romaine, et est restée jusqu’à nos jours comme un débris de l’Empire. On eût dit à Paul que Claude était son premier coopérateur ; on eût dit à Claude que ce Juif qui part d’Antioche va fonder la plus solide partie de l’édifice impérial, on les eut fort étonnés l’un et l’autre. On eût dit vrai cependant.

De tous les pays étrangers à la Judée, le premier où le christianisme s’établit fut naturellement la Syrie. Le voisinage de la Palestine et le grand nombre de Juifs établis dans cette contrée[1], rendaient un tel fait inévitable. Chypre, l’Asie Mineure, la Macédoine, la Grèce et l’Italie furent ensuite visités par les hommes apostoliques à quelques années de distance. Le midi de la Gaule, l’Espagne, la côte d’Afrique, bien qu’ils aient été assez tôt évangélisés, peuvent être considé-

  1. Jos., B. J., II, xx, 2 ; VII, iii, 3.