Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/355

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rés comme formant un étage plus récent dans les substructions du christianisme.

Il en fut de même de l’Égypte. L’Égypte ne joue presque aucun rôle dans l’histoire apostolique ; les missionnaires chrétiens semblent systématiquement y tourner le dos. Ce pays, qui, à partir du iiie siècle, devint le théâtre d’événements si importants dans l’histoire de la religion, fut d’abord fort en retard avec le christianisme. Apollos est le seul docteur chrétien sorti de l’école d’Alexandrie ; encore avait-il appris le christianisme dans ses voyages[1]. Il faut chercher la cause de ce phénomène remarquable dans le peu de rapports qui existait entre les Juifs d’Égypte et ceux de Palestine, et surtout dans ce fait que l’Égypte juive avait en quelque sorte son développement religieux à part. L’Égypte avait Philon et les thérapeutes ; c’était là son christianisme[2], lequel la dispensait et la détournait d’accorder à l’autre une oreille attentive. Quant à l’Égypte païenne, elle possédait des institutions religieuses bien plus résistantes que celles du paganisme gréco-romain[3] ; la religion égyptienne était encore dans toute sa force ; c’était

  1. Act., xviii, 24 et suiv.
  2. Voir Philon, De vita contemplativa, entier.
  3. Pseudo-Hermès, Asclepius, fol. 158 v., 159 r. (Florence, Juntes, 1512).