Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ciée aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été ; elle le sera toujours de plus en plus.

Beaucoup des émigrants syriens que le désir de faire fortune entraînait vers l’Occident étaient plus ou moins rattachés au judaïsme. Ceux qui ne l’étaient pas restaient fidèles au culte de leur village[1], c’est-à-dire au souvenir de quelque temple dédié à un « Jupiter » local[2], lequel n’était d’ordinaire que le Dieu suprême, déterminé par quelque titre particulier[3]. C’était au fond une espèce de monothéisme que ces Syriens apportaient sous le couvert de leurs dieux étranges. Comparés du moins aux personnalités divines profondément distinctes qu’offrait le polythéisme grec et romain, les dieux dont il s’agit, pour la plupart synonymes du Soleil, étaient presque des frères du dieu unique[4]. Semblables à de longues

  1. Πατρῴοις θεοῖς, formule très-fréquente dans les inscriptions émanant de Syriens (Corpus inscr. græc., nos 4449, 4450, 4451, 4463, 4479, 4480, 6015).
  2. Corpus inscr. græc., nos 4474, 4475, 5936 ; Mission de Phénicie, l. II, c. ii [sous presse], inscription d’Abédat. Comp. Corpus, no 2271, 5853.
  3. Ζεὺς οὐράνιος, ἐπουράνιος, ὕψιστος, μέγιστος, θεὸς σατράπης. Corpus inscr. gr., : 4500, 4501, 4502, 4503, 6012 ; Lepsius, Denkmaeler, t. XII, feuille 100, no 590 ; Mission de Phénicie, p. 103, 104, et la suite [sous presse].
  4. J’ai développé ceci dans le Journal Asiatique, février-mars 1859, p. 259 et suiv., et dans la Mission de Phénicie, l. II, c. ii.