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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/370

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mélopées énervantes, ces cultes de Syrie pouvaient paraître moins secs que le culte latin, moins vides que le culte grec. Les femmes syriennes y prenaient quelque chose à la fois de voluptueux et d’exalté. Ces femmes furent de tout temps des êtres bizarres, disputées entre le démon et Dieu, flottant entre la sainte et la possédée. La sainte des vertus sérieuses, des héroïques renoncements, des résolutions suivies appartient à d’autres races et à d’autres climats ; la sainte des fortes imaginations, des entraînements absolus, des promptes amours, est la sainte de Syrie. La possédée de notre moyen âge est l’esclave de Satan par bassesse ou par péché ; la possédée de Syrie est la folle par idéal, la femme dont le sentiment a été blessé, qui se venge par la frénésie ou se renferme dans le mutisme[1]. qui n’attend pour être guérie qu’une douce parole ou qu’un doux regard. Transportées dans le monde occidental, ces Syriennes acquéraient de l’influence, quelquefois par de mauvais arts de femme, plus souvent par une certaine supériorité morale et une réelle capacité. Cela se vit surtout cent cinquante ans plus tard, quand les personnages les plus importants de Rome épousèrent des Syriennes, qui prirent tout à coup

  1. Code syrien, dans Land, Anecdota Syriaca. I, p. 152 : faits divers dont j’ai été témoin.