Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/379

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plus touchante que celle de cette jeune et chaste Octavie, fille de Claude, femme de Néron, restée pure à travers toutes les infamies, tuée à vingt-deux ans, sans qu’elle eût jamais senti aucune joie ? Les femmes qualifiées dans les inscriptions de castissimæ, univiræ ne sont point rares[1]. Des épouses accompagnèrent leurs maris dans l’exil[2] ; d’autres partagèrent leur noble mort[3]. La vieille simplicité romaine n’était pas perdue ; l’éducation des enfants était grave et soignée. Les femmes les plus nobles travaillaient de leurs mains à des ouvrages de laine[4] ;

    première fois d’une manière complète par M. Mommsen, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin pour 1863, p. 455 et suiv. Comparez l’oraison Funèbre de Murdia Orelli. Inscr. lat., no 4860) et celle de Matidie, par l’empereur Adrien Mem. de l’Académie de Berlin, vol. cité, p. 483 et suiv.) On se laisse trop préoccuper par les passages des satiriques latins où les vices des femmes sont âprement relevés. C’est comme si l’on traçait le tableau des mœurs générales du xviie siècle d’après Mathurin Régnier et Boileau.

  1. Orelli. nos 2647 et suiv., surtout 2677, 2742, 4530, 4860 ; Henzen, nos 7382 et suiv., surtout no 7406 ; Renier, Inscr. de l’Algérie, no 1987. Ces épithètes peuvent avoir été souvent mensongères ; mais elles prouvent du moins le prix qu’on attachait à la vertu.
  2. Pline, Epist., VII, 19 ; IX, 13 ; Appien, Guerres civiles, IV, 36. Fannia suivit deux fois en exil son mari Helvidius Priscus ; elle fut bannie une troisième fois après sa mort.
  3. L’héroïsme d’Arria est connu de tous.
  4. Suétone, Aug., 73 ; Oraison funèbre de Turia, I, ligne 30.