Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/384

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adulatrices, mais auxquelles il serait injuste de dénier toute sincérité[1]. Le culte de « la paix romaine[2] ». l’idée d’une grande démocratie, organisée sous la tutelle de Rome, était au fond de toutes les pensées[3]. Un rhéteur grec déployait une vaste érudition pour prouver que la gloire de Rome devait être recueillie par toutes les branches de la race hellénique comme une sorte de patrimoine commun[4]. En ce qui concerne la Syrie, l’Asie Mineure, l’Égypte, on peut dire que la conquête romaine n’y détruisit aucune liberté. Ces pays étaient morts depuis longtemps à la vie politique ou ne l’avaient jamais eue.

En somme, malgré les exactions des gouverneurs et les violences inséparables d’un gouvernement absolu, le monde, sous bien des rapports, n’avait pas encore été aussi heureux. Une administration venant d’un centre éloigné était un si grand avantage, que même les rapines exercées par les préteurs des der-

  1. Jos., Ant., XIV, x, 22, 23. Comp. Tacite, Ann., IV, 55-56 ; Rutilius Numatianus, Itin., I, 63 et suiv.
  2. « Immensa romanae pacis majestas. » Pline, Hist. nat., XXVII, 1.
  3. Ælius Aristide, Éloge de Rome, entier ; Plutarque, traité de la Fortune des Romains, le commencement ; Philon, Leg. ad Caium, § 21, 22, 39, 40.
  4. Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, I, commenc.