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tion. Jusqu’au temps de Dioclétien, il laissa aux provinces et aux villes beaucoup de liberté. Des royaumes presque indépendants subsistaient en Palestine, en Syrie, en Asie Mineure, dans la petite Arménie, en Thrace, sous la protection de Rome. Ces royaumes ne devinrent des dangers, à partir de Caligula, que parce qu’on négligea de suivre à leur égard les règles de grande et profonde politique qu’Auguste avait tracées[1]. Les villes libres, et elles étaient nombreuses, se gouvernaient selon leurs lois ; elles avaient le pouvoir législatif et toutes les magistratures d’un État autonome ; jusqu’au iiie siècle, les décrets municipaux se rendent avec la formule : « Le sénat et le peuple[2] … » Les théâtres ne servaient pas seulement aux plaisirs de la scène ; ils étaient partout des foyers d’opinion et de mouvement. La plupart des villes étaient, à des titres divers, de petites républiques. L’esprit municipal y était très-fort[3] ; elles n’avaient perdu que le droit de se déclarer la guerre, droit funeste qui avait fait du monde un champ de carnage. « Les bienfaits du peuple romain envers le genre humain » étaient le thème de déclamations parfois

  1. Suétone, Aug., 48.
  2. Les exemples en sont innombrables dans les inscriptions.
  3. Plutarque, Præc ger. reipubl., xv, 3-4 ; An seni sit ger. resp., entier.