Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ère et de nouveaux mondes[1]. La richesse publique était grande, et, malgré l’imperfection des doctrines économiques du temps, l’aisance fort répandue. Les mœurs n’étaient pas ce qu’on se figure souvent. À Rome, il est vrai, tous les vices s’affichaient avec un cynisme révoltant[2] ; les spectacles surtout avaient introduit une affreuse corruption. Certains pays, comme l’Égypte, étaient aussi descendus à la dernière bassesse. Mais il y avait dans la plupart des provinces une classe moyenne, où la bonté, la foi conjugale, les vertus domestiques, la probité, étaient suffisamment répandues[3]. Existe-t-il quelque part un idéal de la vie de famille, dans un monde

    V, 23 ; Partit. orat., 16, 24 ; Ovide, Fastes, II, 684 ; Lucain, VI, 54 et suiv. ; Sénèque, Epist., xlviii, xcv, 51 et suiv. ; De ira, I, 5 ; III, 43 : Arrien, Dissert. d’Épict., I, ix, 6 ; II, v, 26, Plutarque, De la fort. des Rom., 2 ; De la fort. d’Alexandre, I, 8, 9.

  1. Virgile, Égl., iv ; Sénèque, Médée, 375 et suiv.
  2. Tac., Ann., II, 85 ; Suétone, Tib., 35 ; Ovide, Fast., II, 497-514.
  3. Les inscriptions de femmes contiennent les expressions les plus touchantes. « Mater omnium hominum, parens omnibus subveniens, » dans Renier, Inscr. de l’Algérie, no 1987. Comp. ibid., no 2756 ; Mommsen, Inscr. R. N., no 1431. « Duobus virtutis et castitatis exemplis, » Not. et mém. de la Soc. de Constantine, 1865, p. 158. Voir l’inscription d’Urbanille, dans Guérin, Voy. archéol. dans la rég. de Tunis, I, 289 et la délicieuse inscription Orelli, no 4648. Plusieurs de ces textes sont postérieurs au premier siècle ; mais les sentiments qu’ils expriment n’étaient pas nouveaux, quand on les écrivit.