Aller au contenu

Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/428

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment funéraires. Il ne leur est permis de se réunir qu’une fois par mois ; ils ne peuvent s’occuper que de la sépulture des membres défunts ; sous aucun prétexte ils ne doivent élargir leurs attributions[1]. L’Empire s’acharnait à l’impossible. Il voulait, par suite de son idée exagérée de l’État, isoler l’individu, détruire tout lien moral entre les hommes, combattre un désir légitime des pauvres, celui de se serrer les uns contre les autres dans un petit réduit pour avoir chaud ensemble. Dans l’ancienne Grèce, la cité était très-tyrannique ; mais elle donnait en échange de ses vexations tant de plaisir, tant de lumière, tant de gloire, que nul ne songeait à s’en plaindre. On mourait avec joie pour elle ; on subissait sans révolte ses plus injustes caprices. L’empire romain, lui, était trop vaste pour être une patrie. Il offrait à tous de grands avantages matériels ; il ne donnait rien à aimer. L’insupportable tristesse inséparable d’une telle vie parut pire que la mort.

  1. « Kaput ex S. C. P. R. Quibus coïre, convenire, collegiumque habere liceat. Qui stipem menstruam conferre volent in funera, ii in collegium coeant, neque sub specie ejus collegi nisi semel in mense coeant conferendi causa unde defuncti sepeliantur. » Inscription de Lanuvium. 1re col., lignes 10-13. dans Mommsen, De collegiis et sodaliciis Romanorum, (Kiliæ, 1843), p. 81-82 et ad calcem. Cf. Digeste, XLVII, xxii, de Coll. et Corp., 1; Tertullien, Apolog., 39.