Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/53

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que les hommes sont devenus moins crédules[1] ? »

« Mais, dit-on, s’il est impossible de prouver qu’il y ait jamais eu un fait surnaturel, il est impossible aussi de prouver qu’il n’y en a pas eu. Le savant positif qui nie le surnaturel procède donc aussi gratuitement que le croyant qui l’admet. » Nullement. C’est à celui qui affirme une proposition de la prouver. Celui devant qui on l’affirme n’a qu’une seule chose à faire, attendre la preuve et y céder si elle est bonne. On serait venu sommer Buffon de donner une place dans son Histoire naturelle aux sirènes et aux centaures, Buffon aurait répondu : « Montrez-moi un spécimen de ces êtres, et je les admettrai ; jusque-là, ils n’existent pas pour moi. — Mais prouvez qu’ils n’existent pas. — C’est à vous de prouver qu’ils existent. » La charge de faire la preuve, dans la science, pèse sur ceux qui allèguent un fait. Pourquoi ne croit-on plus aux anges, aux démons, quoique d’innombrables textes historiques en supposent l’existence ? Parce que jamais l’existence d’un ange, d’un démon ne s’est prouvée.

Pour soutenir la réalité du miracle, on fait appel à des phénomènes qu’on prétend n’avoir pu se passer selon le cours des lois de la nature, la création de l’homme, par exemple. « La création de l’homme,

  1. De divinatione, II. 57