Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/60

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suait pour apporter un fagot à son bûcher : O sancta simplicitas ! J’ai seulement regretté certaines émotions, qui ne pouvaient être que stériles. Selon la belle expression de l’Écriture, « Dieu n’est pas dans la tourmente ». Ah ! sans doute, si tout ce trouble aidait à découvrir la vérité, on se consolerait de tant d’agitation. Mais il n’en est pas ainsi ; la vérité n’est pas faite pour l’homme passionné. Elle se réserve aux esprits qui cherchent sans parti pris, sans amour persistant, sans haine durable, avec une liberté absolue et sans nulle arrière-pensée d’agir sur la direction des affaires de l’humanité. Ces problèmes ne sont qu’une des innombrables questions dont le monde est rempli et que les curieux examinent. On n’offense personne en énonçant une opinion théorique. Ceux qui tiennent à leur foi comme à un trésor ont un moyen bien simple de la défendre, c’est de ne pas tenir compte des ouvrages écrits dans un sens différent du leur. Les timides font mieux de ne pas lire.

Il est des personnes pratiques, qui, à propos d’une œuvre de science, demandent quel parti politique l’auteur s’est proposé de satisfaire, et qui veulent qu’une œuvre de poésie renferme une leçon de morale. Ces personnes n’admettent pas qu’on écrive pour autre chose qu’une propagande. L’idée de l’art et de la science, n’aspirant qu’à trouver le vrai et à