Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/62

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le défaut des ouvrages composés dans un tel esprit ?

Le premier principe de l’école critique, en effet, est que chacun admet en matière de foi ce qu’il a besoin d’admettre, et fait, en quelque sorte, le lit de ses croyances proportionné à sa mesure et à sa taille. Comment serions-nous assez insensés pour nous mêler de ce qui dépend de circonstances sur lesquelles personne ne peut rien ? Si quelqu’un vient à nos principes, c’est qu’il a le tour d’esprit et l’éducation nécessaires pour y venir ; tous nos efforts ne donneraient pas cette éducation et ce tour d’esprit à ceux qui ne les ont pas. La philosophie diffère de la foi en ce que la foi est censée opérer par elle-même, indépendamment de l’intelligence qu’on a des dogmes. Nous croyons, au contraire, qu’une vérité n’a de valeur que quand on y est arrivé par soi-même, quand on voit tout l’ordre d’idées auquel elle se rattache. Nous ne nous obligeons pas à taire celles de nos opinions qui ne sont pas d’accord avec la croyance d’une portion de nos semblables ; nous ne faisons aucun sacrifice aux exigences des diverses orthodoxies ; mais nous ne songeons pas davantage à les attaquer ni à les provoquer ; nous faisons comme si elles n’existaient pas. Pour moi, le jour où l’on pourrait me convaincre d’un effort pour attirer à mes idées un seul adhérent qui n’y vient pas de lui-même, on me cau-