Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/66

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sons mieux, nous tous que possèdent l’amour du vrai et la grande curiosité. Laissons ces débats à ceux qui s’y complaisent ; travaillons pour le petit nombre de ceux qui marchent dans la grande ligne de l’esprit humain. La popularité, je le sais, s’attache de préférence aux écrivains qui, au lieu de poursuivre la forme la plus élevée de la vérité, s’appliquent à lutter contre les opinions de leur temps ; mais, par un juste retour, ils n’ont plus de valeur dès que l’opinion qu’ils ont combattue a cessé d’être. Ceux qui ont réfuté la magie et l’astrologie judiciaire, au xvie et au xviie siècle, ont rendu à la raison un immense service : et pourtant leurs écrits sont inconnus aujourd’hui ; leur victoire même les a fait oublier. »

Je m’en tiendrai invariablement à cette règle de conduite, la seule conforme à la dignité du savant. Je sais que les recherches d’histoire religieuse touchent à des questions vives, qui semblent exiger une solution. Les personnes peu familiarisées avec la libre spéculation ne comprennent pas les calmes lenteurs de la pensée ; les esprits pratiques s’impatientent contre la science, qui ne répond pas à leurs empressements. Défendons-nous de ces vaines ardeurs. Gardons-nous de rien fonder ; restons dans nos Églises respectives, profitant de leur culte séculaire et de leur tradition de vertu, par-