Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/67

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ticipant à leurs bonnes œuvres et jouissant de la poésie de leur passé. Ne repoussons que leur intolérance. Pardonnons même à cette intolérance ; car elle est comme l’égoïsme, une des nécessités de la nature humaine. Supposer qu’il se fonde désormais de nouvelles familles religieuses ou que la proportion entre celles qui existent aujourd’hui arrive à changer beaucoup, c’est aller contre les apparences. Le catholicisme sera bientôt travaillé par de grands schismes ; les temps d’Avignon, des antipapes, des clémentins et des urbanistes, vont revenir. L’Église catholique va refaire son xive siècle ; mais, malgré ses divisions, elle restera l’Église catholique. Il est probable que dans cent ans la relation entre le nombre des protestants, celui des catholiques, celui des juifs n’aura pas sensiblement varié. Mais un grand changement se sera accompli, ou plutôt sera devenu sensible aux yeux de tous. Chacune de ces familles religieuses aura deux sortes de fidèles, les uns croyants absolus comme au moyen âge, les autres sacrifiant la lettre et ne tenant qu’à l’esprit. Cette seconde fraction grandira dans chaque communion, et, comme l’esprit rapproche autant que la lettre divise, les spiritualistes de chaque communion arriveront à se rapprocher tellement qu’ils négligeront de se réunir tout à fait. Le fanatisme