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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/68

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se perdra dans une tolérance générale. Le dogme deviendra une arche mystérieuse, que l’on conviendra de n’ouvrir jamais. Si l’arche est vide, alors, qu’importe ? Une seule religion résistera, je le crains, à cet amollissement dogmatique ; c’est l’islamisme. Il y a chez certains musulmans des anciennes écoles et chez quelques hommes éminents de Constantinople, il y a en Perse surtout des germes d’esprit large et conciliant. Si ces bons germes sont étouffés par le fanatisme des ulémas, l’islamisme périra ; car deux choses sont évidentes : la première, c’est que la civilisation moderne ne désire pas que les anciens cultes meurent tout à fait ; la seconde, c’est qu’elle ne souffrira pas d’être entravée dans son œuvre par les vieilles institutions religieuses. Celles-ci ont le choix entre fléchir ou mourir.

Quant à la religion pure, dont la prétention est justement de ne pas être une secte ni une Église à part, pourquoi se donnerait-elle les inconvénients d’une position dont elle n’a pas les avantages ? pourquoi élèverait-elle drapeau contre drapeau, quand elle sait que le salut est possible à tous et partout, qu’il dépend du degré de noblesse que chacun porte en soi ? On comprend que le protestantisme, au xvie siècle, ait été amené à une rupture ouverte. Le protestantisme partait d’une foi très-absolue. Loin de