Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/127

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choisi afin d’être l’apôtre des nations et d’annoncer la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Sa grande âme avait pour caractère particulier de s’élargir et de s’ouvrir sans cesse. Je ne vois que l’âme d’Alexandre qui ait eu ce don de jeunesse sans bornes, cette capacité indéfinie de vouloir et d’embrasser.

Les dispositions de la population païenne se trouvèrent excellentes. Plusieurs se convertirent et se trouvèrent du premier coup parfaits chrétiens. Nous verrons le même fait se passer à Philippes, à Alexandria Troas et en général dans les colonies romaines. L’attrait qu’avaient ces populations bonnes et religieuses pour un culte épuré, attrait qui jusque-là s’était montré par des conversions au judaïsme, se montrera maintenant par des conversions au christianisme. Malgré son culte étrange, et peut-être par une réaction contre ce culte, la population d’Antioche, comme en général celle de Phrygie, avait une sorte de penchant vers le monothéisme[1]. Le nouveau culte, n’exigeant pas la circoncision et n’obligeant pas à certaines observances mesquines, était bien mieux fait que le judaïsme pour attirer les

  1. Corp. inscr. gr., no 3980. Cette formule est particulière à la Phrygie. Comp. ci-dessous, p. 363-365. Comp. aussi, pour le contraste avec la Pisidie, no 4380 r, s, t. Voir Le Bas, III, no 1231.