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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/167

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anciens et de toute la confrérie[1]. Parmi les simples frères eux-mêmes, il y avait des degrés[2]. L’inégalité était parfaitement admise ; mais cette inégalité était toute morale ; il ne s’agissait ni de prérogatives extérieures ni d’avantages matériels. Les trois principales « colonnes », comme l’on disait, de la communauté étaient toujours Pierre, Jacques, frère du Seigneur, et Jean, fils de Zébédée[3]. Plusieurs Galiléens avaient disparu ; ils avaient été remplacés par un certain nombre de personnes appartenant au parti des pharisiens. « Pharisien » était synonyme de « dévot » ; or, tous ces bons saints de Jérusalem étaient fort dévots aussi. N’ayant pas l’esprit, la finesse, l’élévation de Jésus, ils étaient tombés après sa mort dans une sorte de bigoterie pesante, analogue à celle que leur maître avait si fortement combattue. Ils étaient incapables d’ironie ; ils avaient presque oublié les éloquentes invectives de Jésus contre les hypocrites. Quelques-uns étaient devenus des espèces de talapoins juifs, à la manière de Jean-Baptiste et de Banou, des santons tout adonnés aux pratiques et contre lesquels certainement Jésus, s’il avait vécu encore, n’eût pas eu assez de sarcasmes.

  1. Act., xv, 4, 22.
  2. Act., xv, 22.
  3. Gal., ii, 9 ; Clem. Rom., Epist. I ad Cor., 5.