Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/169

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du judaïsme[1], devenaient à la mode et formaient le trait dominant de la fraction de l’Église qui plus tard devait être rattachée à un prétendu Ébion[2]. Les juifs purs étaient opposés à ces abstinences[3] ; mais les prosélytes, surtout les femmes, y inclinaient beaucoup[4]. Jacques ne bougeait pas du temple ; il y restait, dit-on, seul de longues heures en prières, si bien que ses genoux avaient contracté des calus comme ceux des chameaux. On croyait que là il passait son temps, à la façon de Jérémie, pénitent pour le peuple, à pleurer les péchés de la nation et à détourner les châtiments qui la menaçaient. Il lui suffisait de lever les mains au ciel pour faire des

    curieux passages l’écho et souvent des extraits textuels d’une légende judéo-chrétienne, cherchant à exagérer le rôle de Jacques et à le transformer en un grand prêtre juif. Du reste, le passage Act., xxi, 23 et suiv. montre bien le goût de Jacques pour les vœux et pour les pratiques extérieures. L’épître qu’on lui attribue offre aussi un certain caractère ascétique.

  1. Daniel, i, 8, 12 ; Tobie, i, 12 et suiv. ; Josèphe, Vita, 2-3. Voir surtout ce qui concerne les esséniens et les prétendus thérapeutes dans Philon et dans Josèphe, et les réflexions d’Eusèbe sur ce sujet (Hist. eccl., II, 17).
  2. Épiph., hær. xxx, 15-16 ; Homil. pseudo-clem., viii, 15 ; xii, 1, 6 ; xiv, 1 ; xv, 6. Cf. Rom., ch. xiv ; Clément d’Alexandrie, Pædag., II, 1.
  3. Talm. de Jér., Nazir, i, 6.
  4. Mischna, Nazir, iii, 6 ; vi, 11 ; Jos., B. J., II, xv, 1.