Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/170

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miracles[1]. On l’avait surnommé le Juste et aussi Obliam, c’est-à-dire « rempart du peuple[2] », parce qu’on supposait que c’étaient ses prières qui empêchaient la colère divine de tout emporter[3]. Les juifs l’avaient, à ce qu’on assure, presque en la même vénération que les chrétiens[4]. Si cet homme singulier fut réellement le frère de Jésus, ce dut être au moins un de ces frères ennemis qui le renièrent et voulurent l’arrêter[5], et c’est peut-être à de tels souvenirs que Paul, irrité d’un esprit si borné, faisait allusion quand il s’écriait à propos de ces colonnes de l’Église de Jérusalem : « Ce qu’ils ont été autrefois, peu m’importe ! Dieu ne fait pas acception de personnes[6]. » Jude, frère de Jacques,

  1. Épiph., hær. lxxviii, 14.
  2. Ou peut-être « lien du peuple » (חבלצם). Il est possible que ce titre ait exprimé d’abord son rôle dans la société chrétienne ; puis la légende judéo-chrétienne aura prêté à Jacques un rôle dans la nation juive tout entière.
  3. Hégésippe, loc. cit. ; Épiph., hær. lxxviii, 14.
  4. Hégésippe, loc. cit. ; Josèphe, Ant., XX, ix, 1, passage qui semble bien authentique. Ce qu’y ajoutent Origène (Comm. in Matth., tomus X, § 17, et Contre Celse, I, § 47 ; II, § 13), Eusèbe (H. E., II, 23 ; Dem. év., III, 23), saint Jérôme (De viris illustr., 2, Adv. Jovin., l. c.), au contraire, est le résultat d’une erreur d’Origène ou d’une interpolation.
  5. Voir Vie de Jésus, p. 134.
  6. Gal., ii, 6.