Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/172

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récit que Paul et Barnabé firent de leurs missions : car tous, même les plus judaïsants, étaient d’avis que la conversion des gentils était le grand signe du Messie[1]. La curiosité de voir l’homme dont on parlait tant, et qui avait engagé la secte dans une voie si nouvelle, fut d’abord très-vive. On glorifiait Dieu d’avoir fait un apôtre avec un persécuteur[2]. Mais, quand on en vint à la circoncision et à l’obligation de pratiquer la Loi, le dissentiment éclata dans toute sa force. Le parti pharisien éleva ses prétentions de la façon la plus absolue. Le parti de l’émancipation répondait avec une vigueur triomphante. Il citait plusieurs cas où des incirconcis avaient reçu le Saint-Esprit. Si Dieu ne faisait pas la distinction des païens et des juifs, comment avait-on l’audace de la faire pour lui ? Comment tenir pour souillé ce que

    blée. Il prête ainsi à l’entrevue un air de concile qu’elle n’eut pas à ce degré, et à Paul une docilité contre laquelle il proteste lui-même (comp. Act., xv, 41 ; xvi, 4, à Gal., ch. i et ii). D’un autre côté, Paul est préoccupé de deux idées fixes : d’abord maintenir le droit des Églises païennes hors de contestation ; en second lieu, bien établir qu’il n’a rien reçu ni appris des apôtres. Or, le seul fait d’être venu à Jérusalem était une reconnaissance de l’autorité de l’Église de Jérusalem. Les deux récits demandent donc à être combinés, modifiés et conciliés.

  1. Act., xv, 4, 14-18.
  2. Gal., i, 23-24.