Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/219

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est austère ; certains cantons sont singulièrement âpres et pelés. D’autres parties, au contraire, sont pleines de fraîcheur, et ne répondent nullement aux idées qu’on s’est habitué à renfermer sous ce mot vague d’Orient. L’embouchure de l’Oronte marque, sous le rapport de la nature, ainsi que sous le rapport des races, une ligne profonde de démarcation. L’Asie Mineure, pour l’aspect et pour le ton du paysage, rappelle l’Italie ou notre Midi à la hauteur de Valence et d’Avignon. L’Européen n’y est nullement dépaysé, comme il l’est en Syrie et en Égypte. C’est, si j’ose le dire, un pays aryen, non un pays sémitique, et il n’est pas douteux qu’un jour il ne soit occupé de nouveau par la race indo-européenne (Grecs et Arméniens). L’eau y est abondante ; les villes en sont comme inondées ; certains points, tels que Nymphi, Magnésie du Sipyle, sont de vrais paradis. Les plans étagés de montagnes qui forment presque partout l’horizon présentent des variétés de formes infinies et parfois des jeux bizarres, qu’on prendrait pour des rêves si un artiste osait les imiter : sommets dentelés comme une scie, flancs déchirés et déchiquetés, cônes étranges et murs à pic, où s’étalent avec éclat toutes les beautés de la pierre. Grâce à ces nombreuses chaînes de montagnes, les eaux sont vives et légères. De longues files de peu-