Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/238

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dit-il, sont écrits dans le livre de vie[1] ». Timothée était aussi fort aimé des Philippiens et avait pour eux un grand dévouement[2]. Ce fut la seule Église dont Paul accepta des secours pécuniaires[3], parce qu’elle était riche et peu chargée de pauvres juifs. Lydie fut sans doute le principal auteur de ces dons ; Paul acceptait d’elle, car il se la savait fort attachée. La femme donne avec son cœur ; on n’a pas à craindre de sa part de reproches ni de retour intéressé. Paul aimait mieux sans doute devoir à une femme (probablement veuve) dont il était sûr, qu’à des hommes envers lesquels il eût été moins indépendant, s’il leur avait eu quelque reconnaissance.

La pureté absolue des mœurs chrétiennes écartait tout soupçon. Peut-être, d’ailleurs, n’est-il pas trop hardi de supposer que c’est Lydie que Paul, dans son épître aux Philippiens, appelle « ma chère épouse[4] ». Cette expression sera, si l’on veut, une

  1. Phil., iv, 3.
  2. Phil., ii, 19-23.
  3. Phil., iv, 10 et suiv. Cf. I Thess., ii, 5, 7, 9 ; II Cor., xi, 8 et suiv.
  4. Γνήσιε σύζυγε. Phil., iv, 3. Clément d’Alexandrie (Strom., III, 6) et Eusèbe (Hist. eccl., III, 30) entendent σύζυγε dans le sens d’épouse. Il est bien remarquable que Lydie n’est pas nommée dans l’Épître aux Philippiens ; l’omission totale d’une personne si importante serait singulière. Le rôle que Paul prête à la γνήσιος