Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/26

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l’Église destinataire. Peut-être l’Église d’Éphèse posséda-t-elle un de ces exemplaires, dont l’éditeur des lettres de Paul se sera servi. Le fait de trouver une telle copie à Éphèse lui aura suffi pour écrire en tête Πρὸς Ἐφεσίους[1]. Comme on négligea de bonne heure de ménager un blanc après οὖσιν, la suscription devint : τοῖς ἁγίοις τοῖς οὖσιν καὶ πιστοῖς, leçon peu satisfaisante[2], qu’on aura cru rectifier, au ive siècle, en insérant après οὖσιν, conformément au titre, les mots ἐν Ἐφέσῳ.

Ce doute sur les destinataires de l’épître dite aux Éphésiens pourrait fort bien se concilier avec son authenticité ; mais la réflexion critique excite sur ce second point de nouveaux soupçons. Un fait qui frappe tout d’abord, ce sont les ressemblances qu’on remarque entre l’épître dite aux Éphésiens et l’épître aux Colossiens. Les deux épîtres sont calquées l’une sur l’autre ; des membres de phrase ont passé textuellement de l’une à l’autre. Quelle est l’épître qui a servi d’original et celle qui doit être considérée comme une imitation ? Il semble bien que c’est l’épître aux Colossiens qui a servi d’original, et que

  1. Il se peut aussi que cette attribution ait été le résultat d’une conjecture tirée du rapprochement de Eph., vi, 21-22, avec II Tim., iv, 12.
  2. Cf. Rom., i, 7 ; II Cor., i, 1 ; Phil., i, 1.