Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/274

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femmes se tournèrent de bonne heure vers de petites dévotions étrangères comme celle d’Adonis ; les mystères surtout firent fortune ; la philosophie, entre les mains de Platon, était à sa manière une délicieuse mythologie, tandis que l’art créait pour la foule des images vraiment adorables. Les dieux d’Athènes devinrent les dieux de la beauté. La vieille Athéné Poliade n’était qu’un mannequin sans bras apparents, emmaillotté d’un péplos, comme est la vierge de Lorette. La toreutique réalisa un miracle sans exemple : elle fit des statues réalistes à la façon des madones italiennes et byzantines, chargées d’ornements appliqués, qui furent en même temps de merveilleux chefs-d’œuvre. Athènes arriva de la sorte à posséder un des cultes les plus complets de l’antiquité. Ce culte subit une sorte d’éclipse lors des malheurs de la cité ; les Athéniens furent les premiers à souiller leur sanctuaire : Lacharès vola l’or de la statue d’Athéné ; Démétrius Poliorcète fut installé par les habitants eux-mêmes dans l’opisthodome du Parthénon ; il y logea ses courtisanes près de lui, et l’on plaisanta du scandale qu’un tel voisinage dut causer à la chaste déesse[1] ; Aristion, le dernier défenseur de l’indépendance d’Athènes, laissa s’éteindre la lampe immor-

  1. Plutarque, Vie de Démétius, 23-24.