Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

De nobles étrangers, des descendants de rois détrônés[1], venaient dépenser leur fortune à Athènes, et aimaient à se voir décorés des titres de choréges et d’agonothètes. Tous les petits rois barbares mettaient leur émulation à rendre service aux Athéniens, à restaurer leurs monuments[2].

La religion était une des causes de ces faveurs exceptionnelles. Essentiellement municipale et politique à son origine, ayant pour base les mythes relatifs à la fondation de la ville et à ses divins protecteurs, la religion d’Athènes ne fut d’abord que la consécration religieuse du patriotisme et des institutions de la cité. C’était le culte de l’Acropole ; « Aglaure » et le serment que prêtaient sur son autel les jeunes Athéniens n’ont pas d’autre sens ; à peu près comme si la religion consistait chez nous à tirer à la conscription, à faire l’exercice et à honorer le drapeau. Cela devait bientôt devenir assez fade ; cela n’avait rien d’infini, rien qui touchât l’homme par sa destinée, rien d’universel ; les railleries d’Aristophane contre ces dieux de l’Acropole[3] prouvent qu’à eux seuls ils n’auraient point captivé toutes les races. Les

  1. Corp. inscr. gr., no 362. Cf. Plut., Quæst. symp., I, x, 1.
  2. Corp. inscr. gr., nos 265, 357-362 ; Jos., B. J., I, xxi, 11 ; Vitruve, V, ix, 1 ; Suétone, Aug., 60.
  3. Voir surtout Lysistrata, 750 et suiv.