Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/279

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grand monde et de grande culture. Athènes était profondément païenne ; le paganisme y était lié à tous les plaisirs, à tous les intérêts, à toutes les gloires de la cité. Paul hésita beaucoup. Timothée arriva enfin de Macédoine ; Silas, pour des raisons qu’on ignore, n’avait pu venir[1]. Paul alors résolut d’agir.

Il y avait une synagogue à Athènes[2], et Paul y parla pour les juifs et les gens « craignant Dieu[3] » ; mais dans une telle ville des succès de synagogue étaient peu de chose. Cette brillante agora où se dépensait tant d’esprit, ce portique Pœcile, où s’agitaient toutes les questions du monde, le tentaient. Il y parla, non en prédicateur s’adressant à la foule assemblée, mais en étranger qui s’insinue, répand timidement son idée et cherche à se créer quelque point d’appui. Le succès fut médiocre. « Jésus et la résurrection » (anastasis) parurent des mots étranges, dénués de sens[4]. Plusieurs, à ce qu’il paraît, prirent anastasis pour un nom de déesse, et crurent que Jésus et Anastasis étaient quelque nouveau couple

  1. Cela résulte de Act., xvii, 14 ; xviii, 5 ; I Thess., iii, 1-2.
  2. Act., xvii, 17. Cf. Philon, Leg., § 36 ; Corp. inscr. gr., no 9900.
  3. Act., xvii, 17.
  4. Act., xvii, 19-20. Au iie siècle, la résurrection est encore à Athènes la grosse objection contre le christianisme. Voir Athénagore (d’Athènes), De la résurrection des morts.