Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/280

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divin que ces rêveurs orientaux venaient prêcher[1]. Des philosophes épicuriens et stoïciens, dit-on, s’approchèrent et écoutèrent.

Ce premier contact du christianisme et de la philosophie grecque fut peu bienveillant. On ne vit jamais mieux combien les gens d’esprit doivent se défier d’eux-mêmes et se garder de rire d’une idée, quelque folle qu’elle leur paraisse. Le mauvais grec que parlait Paul, sa phrase incorrecte et haletante, n’étaient pas faits pour l’accréditer à Athènes. Les philosophes tournèrent le dos dédaigneusement à ces paroles barbares. « C’est un radoteur (spermologos[2]), » disaient les uns. — « C’est un prêcheur de nouveaux dieux, » disaient les autres. Nul ne se doutait que ce radoteur les supplanterait un jour, et que 474 ans après[3], on supprimerait leurs chaires tenues pour inutiles et nuisibles par suite de la prédication de Paul. Grande leçon ! Fiers de leur supériorité, les philosophes d’Athènes dédaignaient les questions de religion populaire. À côté d’eux, la superstition florissait ; Athènes égalait presque sous ce rapport les villes les plus religieuses de l’Asie Mineure. L’aris-

  1. C’est ainsi que les interprètes grecs, Chrysostome, Théophylacte, Œcuménius, ont entendu le verset 18.
  2. Cf. H. Étienne, Thes., à ce mot.
  3. Édit de Justinien.