Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/290

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ses vieux auteurs, le goût de ses exercices littéraires ; cela le contente et éteint chez lui tout autre besoin. On a trouvé à Athènes une série d’hermès-portraits de cosmètes[1] du second siècle. Ce sont de beaux hommes, graves, majestueux, à l’air noble et encore hellénique. Des inscriptions nous apprennent les honneurs et les pensions qui leur furent conférés[2] ; les vrais grands hommes de l’ancienne démocratie n’en eurent jamais autant. Certainement, si saint Paul rencontra quelqu’un des prédécesseurs de ces superbes pédants, il n’eut pas auprès de lui beaucoup plus de succès que n’en aurait eu du temps de l’Empire un romantique imbu de néo-catholicisme essayant de convertir à ses idées un universitaire attaché à la religion d’Horace, ou que n’en aurait de nos jours un socialiste humanitaire déclamant contre les préjugés anglais devant les fellows d’Oxford ou de Cambridge.

Dans une société aussi différente de celle où il avait vécu jusque-là, au milieu de rhéteurs et de professeurs d’escrime, Paul se trouvait bien dé-

  1. Maintenant déposée au musée de la Société d’archéologie, dans les bâtiments de l’université d’Athènes. Voir Ἀρχαιολογική ἐφημερὶς, 1862, pl. xxx, xxxi, xxxiii.
  2. Voir surtout le Φιλίστωρ, IV, p. 332 et suiv. Comp. d’autres inscriptions, ibid., et ci-dessus, p. 186, note 2.