Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/326

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d’onction, de tendresse, d’émotion et de charme. L’apôtre n’y cache pas sa préférence pour les Églises de Macédoine. Il se sert pour exprimer cet amour des expressions les plus vives, des images les plus caressantes : il se représente comme la nourrice réchauffant ses nourrissons en son sein[1], comme un père veillant sur ses enfants[2]. Voilà ce que Paul fut, en effet, pour les Églises qu’il avait fondées. Paul fut un admirable missionnaire, mais ce fut surtout un admirable directeur des consciences. Jamais on ne s’envisagea mieux comme ayant charge d’âmes ; jamais on ne prit le problème de l’éducation de l’homme d’une façon plus vive, plus intime. Ne croyez pas que cet ascendant fût conquis par la flatterie, la mollesse[3]. Non, Paul était rude, laid, quelquefois colère. Il ne ressemblait nullement à Jésus ; il n’avait pas son adorable indulgence, sa façon de tout excuser, sa divine incapacité de voir le mal. Souvent il était impérieux, et faisait sentir son autorité avec un ascendant qui nous choque[4]. Il com-

    la classification des lettres de Paul portant la même adresse a toujours été de donner la première place à la plus longue.

  1. I Thess., ii, 7.
  2. I Thess., ii, 11.
  3. I Thess., ii, 5 ; iii, 10.
  4. II Thess., iii, 4.