Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/327

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mande, il blâme durement ; il parle de lui-même avec assurance[1], et se propose pour modèle sans hésiter[2]. Mais quelle hauteur ! quelle pureté ! quel désintéressement ! Sur ce dernier point, il va jusqu’à la minutie. Dix fois il revient avec fierté sur ce détail, en apparence puéril, qu’il n’a rien coûté à personne, qu’il n’a mangé gratis le pain de personne, qu’il travaille jour et nuit comme un ouvrier, quoiqu’il eût bien pu faire comme les autres apôtres et vivre de l’autel. Le mobile de son zèle était un amour des âmes en quelque sorte infini.

Le bonheur, l’innocence, l’esprit fraternel, la charité sans bornes de ces primitives Églises sont un spectacle qui ne se reverra plus[3]. Tout cela était spontané, sans contrainte, et pourtant ces petites associations étaient solides comme le fer. Non-seulement elles résistaient aux perpétuelles tracasseries des juifs[4], mais leur organisation intérieure était d’une force surprenante. Pour se les figurer, il faut penser non à nos grandes églises, ouvertes à tous, mais à des ordres religieux ayant une vie propre très-in-

  1. I Thess., ii, 1 et suiv.
  2. I Thess., i, 6 ; II Thess., iii, 7, 9. Comp. Gal., iv, 12 ; I Cor., iv, 16 ; x, 33 ; xi, 1.
  3. Justin, Apol. I, 67.
  4. I Thess., i, 6 ; iii, 4 ; II Thess., i, 4 et suiv.