Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/359

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festin religieux[1] ; mais, en passant entre les mains d’une autre race, ces usages orientaux prenaient une valeur presque mythologique. Les mystères mithriaques, qui allaient bientôt se développer dans le monde romain, avaient pour rite principal l’oblation du pain et de la coupe, sur lesquels on prononçait certaines paroles[2]. La ressemblance était telle, que les chrétiens l’expliquèrent par une ruse du démon, qui aurait voulu se donner ainsi l’infernal plaisir de contrefaire leurs cérémonies les plus saintes[3]. Les liens secrets de tout cela sont fort obscurs. Il était facile de prévoir que des abus graves se mêleraient vite à de telles pratiques, qu’un jour le repas (l’agape proprement dite) tomberait en désuétude, et qu’il ne resterait que la bouchée eucharistique, signe et mémorial de l’institution primitive. On n’est pas surpris non plus d’apprendre que ce mystère étrange fut le prétexte de calomnies, et que la secte qui avait la prétention de manger sous forme de pain le corps et le sang de son fondateur fut accusée de renou-

  1. Voir Vie de Jésus, 13e édition, p. 316 ; les Apôtres, p. 81-82.
  2. Justin, Apol. I, 66 ; Garrucci, Tre sepolcri, Naples, 1852.
  3. Justin, l. c. (cf. Tertullien, De jej., 16). L’hésitation qui a pu se produire sur le tombeau de Vibia est le meilleur commentaire du passage de Justin.