Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/366

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pour lui[1]. Il était riche de toutes les richesses de la Divinité, et il s’est fait pauvre pour nous[2]. Toute la vie chrétienne doit donc être une contradiction du sens humain : la faiblesse, c’est la vraie force[3] ; la mort est la vraie vie ; la sagesse charnelle est folie[4]. Heureux celui qui porte en son corps l’état cadavérique de Jésus, celui qui est sans cesse exposé à la mort pour Jésus[5] ! Il revivra avec Jésus. Il contemplera sa gloire face à face, et se métamorphosera en lui, montant sans cesse de clarté en clarté[6]. Le chrétien vit ainsi dans l’attente de la mort et dans un perpétuel gémissement. À mesure que l’homme extérieur (le corps) tombe en ruine, l’homme intérieur (l’âme) se renouvelle. Un moment de tribulations lui vaut une éternité de gloire. Qu’importe que sa maison terrestre se dissolve ? Il a dans le ciel une maison éternelle, non faite de main d’homme. La vie terrestre est un exil ; la mort est le retour à Dieu et équivaut à l’absorption de tout ce qui est mortel par la vie[7].

  1. II Cor., v, 14-15.
  2. II Cor., viii, 9.
  3. II Cor., xiii, 4.
  4. II Cor., i, 12.
  5. II Cor., iv, 10-12.
  6. II Cor., iii, 18.
  7. II Cor., iv, 16 - v, 8.