Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/369

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qualités opposées qui formait sa nature lui permettait d’allier de la façon la plus inattendue la docilité à la fierté, la révolte à la soumission, l’âpreté à la douceur. Paul choisit pour prétexte de son départ la célébration de la pâque de l’an 54[1]. Pour donner plus de solennité à sa résolution et s’ôter la possibilité de changer d’avis, il s’engagea par vœu à célébrer cette pâque à Jérusalem. La manière de contracter ces sortes de vœux était de se raser la tête et de s’obliger à certaines prières ainsi qu’à l’abstinence du vin pendant trente jours avant la fête[2]. Paul dit adieu à son Église, se fit raser la tête à Kenchrées[3], et s’embarqua pour la Syrie. Il était accompagné d’Aquila et de Priscille, qui devaient s’arrêter à Éphèse, peut-être aussi de Silas. Quant à

  1. Act., xviii, 21, selon la leçon de Griesbach, qui est aussi celle du texte reçu. L’omission de ce passage s’explique ; son interpolation ne s’explique pas aussi bien. Il est vrai que Gal., i et ii, inclinerait à croire que Paul ne fit pas de voyage à Jérusalem entre sa deuxième et sa troisième mission. On peut à la rigueur douter de la réalité de ce voyage, comme de celui qui est rapporté Act., xi, 30 ; xii, 25. Mais il semble bien que l’auteur des Actes y croit ou veut y faire croire. Comp. xviii, 18.
  2. Jos., B. J., II, xv, 1.
  3. Act., xviii, 18. Κειράμενος ne peut se rapporter qu’à Paul, si l’on adopte pour le v. 21 la leçon de Griesbach. Pourquoi Aquila ferait-il ce vœu, puisqu’il ne va pas à Jérusalem ? Pourquoi du moins l’auteur des Actes en parlerait-il ?