Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/375

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âgé[1] ; quelques mouvements d’orgueil, beaucoup de préjugés, un esprit opiniâtre étaient la conséquence d’une telle position. Tous les défauts qui devaient plus tard faire de la cour de Rome le fléau de l’Église et le principal agent de sa corruption se trouvaient déjà en germe dans cette primitive communauté de Jérusalem.

Jacques était un homme respectable à beaucoup d’égards, mais un esprit étroit, que sûrement Jésus eût percé de ses plus fines railleries, s’il l’eût connu, ou du moins s’il l’eût connu tel qu’on nous le représente. Était-il bien le frère ou même seulement le cousin germain de Jésus[2] ? Tous les témoignages à cet égard sont si concordants qu’on est forcé de le croire. Mais alors ce fut là un des jeux les plus bizarres de la nature. Peut-être ce frère, ne s’étant converti qu’après la mort de Jésus, possédait-il moins bien la vraie tradition du maître que ceux qui, sans être ses parents, l’avaient fréquenté de son vivant. Il reste au moins bien surprenant que deux enfants

  1. Selon Épiphane (hær. lxxviii, 14), Jacques aurait eu quatre-vingt-seize ans à sa mort ; cette mort arriva l’an 62. Jacques serait donc né l’an 34 avant J.-C, ou trente ans environ avant Jésus, ce qui est bien difficile, si Jésus et lui étaient de la même mère.
  2. Voir Vie de Jésus, p. 24-25, 153-154. J’incline maintenant à croire que les « frères du Seigneur » provenaient d’un premier mariage de Joseph.