Aller au contenu

Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chrétiens dans le sens qui a prévalu depuis. Loi, temple, sacrifices, grand prêtre, lame d’or, tout leur est devenu indifférent : Jésus a tout remplacé, tout aboli ; attacher une valeur de sainteté à quoi que ce soit, c’est faire injure aux mérites de Jésus. Il était naturel que, pour Paul, qui n’avait pas vu Jésus, la figure tout humaine du maître galiléen se transformât en un type métaphysique bien plus facilement que pour Pierre et les autres qui avaient conversé avec Jésus. Pour Paul, Jésus n’est pas un homme qui a vécu et enseigné ; c’est le Christ qui est mort pour nos péchés, qui nous sauve, qui nous justifie[1] ; c’est un être tout divin : on participe de lui[2] ; on communie avec lui d’une façon merveilleuse[3] ; il est pour l’homme rédemption, justification, sagesse, sainteté[4] ; il est le roi de gloire[5] ; toute puissance au ciel et sur la terre va bientôt lui être livrée[6] ; il n’est inférieur qu’à Dieu le Père[7]. Si cette école seule nous avait transmis des écrits, nous ne toucherions pas la personne de Jésus, et nous pour-

  1. I Cor., iv, 4.
  2. I Cor., i, 9.
  3. I Cor., x, 16 et suiv. ; xi, 23 et suiv.
  4. I Cor., i, 30.
  5. I Cor., ii, 8.
  6. I Cor., xv, 21 et suiv.
  7. I Cor., xv, 27-28.