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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/408

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fiés par cette foi. Que si après cela nous faisons revivre les obligations légales, à quoi aura servi le Christ ? Il aura été (ce qu’à Dieu ne plaise !) un ministre de péché. Se dégager d’une obligation, puis se l’imposer de nouveau pour y manquer, n’est-ce pas de gaieté de cœur se constituer prévaricateur ? " Pour moi, c’est par égard pour la Loi elle-même que je suis mort à la Loi, afin de vivre à Dieu. Je suis crucifié avec Christ ; je ne vis plus, c’est Christ qui vit en moi, et ce reste de vie que je traîne en la chair, je le vis en la foi de Dieu et de Christ, qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Je ne veux pas réduire à néant la grâce de Dieu ; or, si la justice est le résultat de l’observation des œuvres de la Loi, le Christ est mort pour rien.

« O Galates insensés, qui vous a fascinés de la sorte, vous aux yeux de qui on a tracé l’image de Jésus-Christ crucifié ! Permettez-moi une seule question : Est-ce l’observation des œuvres de la Loi ou le fait d’avoir entendu prêcher la foi qui vous a valu de recevoir l’Esprit ? Comment êtes-vous si fous qu’après avoir commencé par l’Esprit, vous finissiez par la chair ? Voulez-vous donc rendre inutile (que dis-je ? funeste !) tout ce qui a été fait pour vous ? Celui qui vous a conféré l’Esprit, celui qui a fait des miracles parmi vous, est-ce par les œuvres de la Loi ou par la foi qu’il les a faits ? Rappelez-vous qu’il est dit d’Abraham : " Il crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice[1]. " Sachez donc que ceux qui ont la foi sont fils d’Abraham… Avant le règne de la foi, nous étions enfermés dans la Loi comme dans une prison, qui nous gardait pour la révélation future. La Loi

  1. Gen., xv, 6.