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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/407

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acquise. Quant à ceux qui paraissaient des personnages (ce qu’ils furent autrefois ne m’importe ; Dieu ne fait pas acception de personnes), ceux, dis-je, qui paraissaient être quelque chose ne m’apprirent rien de nouveau. Au contraire, voyant que l’Évangile du prépuce m’était commis, comme l’était à Pierre celui de la circoncision (car celui qui a conféré à Pierre la force pour l’apostolat de la circoncision m’a conféré la force pour l’apostolat des gentils), connaissant, dis-je, la grâce qui m’avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui semblaient les colonnes de l’Église, me donnèrent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion, et reconnurent que nous serions pour les gentils ce qu’ils étaient pour la circoncision, nous priant seulement de nous souvenir des pauvres ; ce à quoi je n’ai pas manqué.

« Ensuite, quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était digne de blâme. Avant que vinssent, en effet, les émissaires de Jacques, il mangeait avec les gentils ; mais, quand ceux-ci furent venus, il commença à se soustraire et à s’isoler, par la crainte de ceux de la circoncision. Les autres juifs partagèrent son hypocrisie, si bien que Barnabé lui-même s’y laissa entraîner. Pour moi, voyant qu’ils ne marchaient pas dans la droite voie de la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : " Si, toi qui es juif, tu fais des actes de païen, comment peux-tu forcer les gentils à judaïser ? Nous autres, nous sommes juifs par nature ; nous ne sommes pas du nombre de ces pécheurs de païens ; et cependant, sachant que l’homme est justifié non par les œuvres de la Loi, mais par la foi en Jésus-Christ, nous avons cru en Jésus pour être justi-