Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/414

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qu’il chargea d’une tournée en Galatie. L’épître, en effet, n’est pas adressée à une communauté particulière[1] ; aucune de ces petites Églises de Derbé, de Lystres, d’Iconium, d’Antioche de Pisidie, n’était assez considérable pour servir de métropole aux autres ; l’apôtre, d’un autre côté, ne donne aux destinataires aucune instruction sur la manière de faire circuler sa lettre[2]. — On ignore aussi l’effet que la lettre produisit sur les Galates. Sans doute elle confirma le parti de Paul[3] ; il est probable cependant qu’elle n’éteignit pas entièrement le parti contraire. Presque toutes les Églises désormais seront divisées en deux camps. Jusqu’à la ruine de Jérusalem (an 70), l’Église de Judée maintiendra ses prétentions. Ce n’est qu’à la fin du premier siècle qu’une réconciliation véritable s’opérera, un peu aux dépens de la gloire de Paul, qui sera durant près de cent ans rejetée dans l’ombre, mais pour le plein triomphe de ses idées fondamentales. Les judéo-chrétiens, à partir de ce moment-là, ne seront plus qu’une secte de vieux entêtés, expirant lentement et obscurément, et ne finissant que vers le ve siècle[4] dans des cantons

  1. Gal., i, 2.
  2. Comp. Col., iv, 16.
  3. I Cor., xvi, 1.
  4. Saint Jérôme, lettre à saint Augustin (col. 623, Martianay).