Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/424

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

instincts, la fainéantise et l’activité, l’impertinence et l’amabilité se rencontrent : tout s’y trouve, excepté ce qui constitue une vieille aristocratie locale, je veux dire des souvenirs glorieux cultivés en commun. Avec cela, beaucoup de commérage, de bavardage, de légèreté, tout le monde à peu près se connaissant et les gens s’occupant sans cesse les uns des autres ; quelque chose de léger, de passionné, de mobile ; une vaine curiosité de gens frivoles, avides de se repaître de la moindre nouveauté ; une grande facilité à suivre la mode, sans jamais être capable de la faire. Le christianisme fut un fruit de l’espèce de fermentation qui a coutume de se produire dans ces sortes de milieux, où l’homme, dégagé des préjugés de naissance et de race, se met bien plus facilement au point de vue de la philosophie qu’on appelle cosmopolite et humanitaire que ne peuvent le faire le paysan, le bourgeois, le noble citadin ou féodal. Comme le socialisme de nos jours, comme toutes les idées neuves, le christianisme germa dans ce qu’on appelle la corruption des grandes villes. Cette corruption, en effet, n’est souvent qu’une vie plus pleine et plus libre, un plus grand éveil des forces intimes de l’humanité.

Autrefois, comme aujourd’hui, les juifs avaient dans de telles villes mixtes une place toute marquée. Cette