Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/462

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des phénomènes qui ne s’étaient encore produits sur aucun des points que le christianisme avait touchés.

Nous avons vu qu’Apollos, après un court séjour à Éphèse, où Aquila et Priscille travaillèrent à son éducation chrétienne, était parti pour Corinthe, avec des lettres très-pressantes des frères d’Asie pour ceux d’Achaïe[1]. Le savoir et l’éloquence de ce nouveau docteur furent fort admirés des Corinthiens. Apollos égalait Paul par la connaissance des Écritures, et il l’emportait de beaucoup sur lui par sa culture littéraire. Le grec qu’il parlait était excellent, tandis que celui de l’apôtre était des plus défectueux. Il avait aussi, ce semble, les dons extérieurs de l’orateur, qui manquaient à Paul, l’attitude imposante, la parole facile. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il eut à Corinthe de remarquables succès. Ses argumentations avec les juifs sur la question de savoir si Jésus était le Messie passaient pour très-fortes ; il fit beaucoup de conversions[2].

Apollos et saint Paul présentaient tous deux, dans la secte nouvelle, des physionomies à part. C’étaient les seuls juifs très-instruits à la manière juive qui

  1. Act., xviii, 27-28.
  2. Act., xviii, 24-28 ; I Cor., iii, 5 et suiv.