Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/463

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eussent embrassé la doctrine de Jésus. Mais ils venaient d’écoles différentes. Paul sortait du pharisaïsme hiérosolymitain, corrigé par les tendances libérales de Gamaliel. Apollos venait de l’école judéo-hellénique d’Alexandrie, telle que nous la connaissons par Philon ; peut-être enseignait-il déjà les théories du logos, et fut-il l’introducteur de ces théories dans la théologie chrétienne. Paul avait l’espèce d’ardeur fiévreuse, le fanatisme intense qui caractérise le juif de Palestine. Les natures comme celle de Paul ne changent qu’une fois en leur vie ; la direction de leur fanatisme une fois trouvée, elles vont devant elles sans dévier jamais ni rien examiner. Apollos, plus curieux et plus chercheur, était susceptible de chercher toujours. C’était un homme de talent plutôt qu’un apôtre. Mais tout porte à croire qu’il joignait à ce talent une grande sincérité, et qu’il fut une personne très-attachante. À l’époque de son arrivée à Corinthe, il n’avait pas encore vu saint Paul[1]. C’est seulement par Aquila et Priscille qu’il connaissait l’apôtre, dont bientôt, sans le vouloir, il allait être le rival.

Chez ces populations légères, brillantes, superficielles des bords de la Méditerranée, les factions,

  1. Act., xix, 1.