Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/465

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pas leur conversion, préférèrent hautement Apollos. Elles traitèrent Paul d’homme grossier, sans éducation, étranger à la philosophie et aux belles-lettres[1]. Apollos fut leur docteur ; elles ne jurèrent que par Apollos[2]. Les fidèles de Paul, sans doute, répliquèrent chaleureusement, et rabaissèrent le nouveau docteur. Quoique Paul et Apollos ne fussent nullement ennemis, qu’ils s’envisageassent comme collaborateurs et qu’il n’y eût entre eux aucune différence d’opinion[3], leurs noms devinrent ainsi les enseignes de deux partis, qui échangèrent, malgré les deux docteurs[4], d’assez grandes vivacités. L’aigreur persista, même après le départ d’Apollos. Celui-ci, en effet, fatigué peut-être du zèle qu’on déployait pour lui, et se mettant au-dessus de toutes ces petitesses, quitta Corinthe et revint à Éphèse. Il y trouva Paul, avec lequel il eut de longs entretiens[5] et noua des relations, qui, sans être celles du disciple ou de l’ami intime[6], furent de deux grandes âmes, dignes de se comprendre et de s’aimer.

  1. I Cor., i, 17 et suiv.
  2. I Cor., i, 12 ; iii, 4.
  3. Cela résulte clairement de I Cor., iii, 6, 8-10, iv, 6 ; xvi, 12.
  4. I Cor., iv, 6.
  5. I Cor., xvi, 12.
  6. Tit., iii, 13.