Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/469

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mœurs, qui assiégeaient en quelque sorte l’Église, y pénétraient et la minaient de toutes parts. Nous avons déjà vu qu’à Athènes la philosophie avait arrêté les progrès de la prédication de Paul. Corinthe était loin d’être une ville d’aussi haute culture qu’Athènes ; il s’y trouvait cependant beaucoup de gens instruits, qui accueillaient fort mal les dogmes nouveaux. La croix, la résurrection, le prochain renouvellement de toutes choses leur paraissaient des folies et des absurdités[1]. Plusieurs fidèles étaient ébranlés, ou, pour essayer des conciliations impossibles, altéraient l’Évangile[2]. La lutte irréconciliable

  1. I Cor., i, 22, 23 ; xv, 12 et suiv. Cf. Act., xvii, 18, 32 ; xxiv, 26. Les objections matérialistes contre la résurrection durèrent toujours chez les païens et même dans la conscience chrétienne. Voir Athénagore, De resurr., 3, 4 ; Minutius Felix, Octav., 11, 34 ; Arnobe, II, 13 ; Orig., Contre Celse, I, § 7 ; V, § 14 et suiv. ; lettre des Églises de Vienne et de Lyon, dans Eusèbe, H. E., V, 1, in fine ; Tatien, Adv. Gr., 6 ; Irénée, V, 3 ; Tertullien, De carne Christi, 15 ; saint Augustin, De civ. Dei, XXII, 4, 12 et suiv. Pour les inscriptions, voir Leblant, dans la Revue de l’Art chrétien, mars 1862, et Inscr. chrét. de la Gaule, I, préf., p. lxxxvi et suiv. La disparition du corps laissait de l’inquiétude. Les légendes populaires arrangent en général les choses de manière que les corps des martyrs ne soient pas entièrement détruits ; le feu les laisse entiers, les bêtes ne les mangent pas. Le Pseudo-Phocylide (v. 99-108) défend de couper les cadavres et ordonne de les inhumer avec soin, en vue de la résurrection.
  2. I Cor., i, 17 et suiv. ; ii, 1 et suiv., 13.