Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/468

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presque partout, un « parti de Pierre ». La division était profonde : « Je suis pour Paul », disaient ceux-ci ; « je suis pour Apollos », disaient ceux-là ; « je suis pour Pierre », disaient d’autres. Quelques-uns enfin, voulant se poser en esprits supérieurs à ces querelles, créèrent un mot assez spirituel. Ils inventèrent pour se désigner eux-mêmes le nom de « parti de Christ ». Quand la discussion s’échauffait, et que les noms de Paul, d’Apollos, de Pierre se croisaient dans la bataille, ils intervenaient avec le nom de celui qu’on oubliait. « Je suis pour Christ », disaient-ils[1], et, comme toutes ces juvénilités helléniques n’excluaient pas au fond un véritable sentiment chrétien, le souvenir de Jésus ainsi rappelé était d’un effet puissant pour ramener la concorde. Le nom de ce « parti de Christ » impliquait néanmoins quelque chose d’hostile contre l’apôtre et une certaine ingratitude, puisque ceux qui l’opposaient au « parti de Paul » semblaient vouloir effacer la trace d’un apostolat auquel ils devaient la connaissance de Christ.

Le contact avec les païens ne causait pas à la jeune Église de moindres dangers. Ces dangers venaient de la philosophie grecque et des mauvaises

  1. I Cor., i, 12 ; iii, 22 ; II Cor., x, 7.