Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/477

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du monde ? Le monde, en effet, n’ayant pas su par la philosophie connaître Dieu en la sagesse de ses œuvres, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles[1] ; les Grecs veulent de la philosophie ; pour nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les gentils, mais pour les appelés, soit juifs, soit gentils, Christ, puissance de Dieu, sagesse de Dieu ; car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Considérez en effet votre vocation, frères ; il n’y a pas parmi vous beaucoup de sages selon la chair, beaucoup de puissants, beaucoup de nobles ; Dieu a choisi ce qui est fou selon le monde pour confondre les forts, ce qui est ignoble et méprisé selon le monde, disons mieux, ce qui n’est pas pour anéantir ce qui est, afin qu’aucune chair ne se glorifie en sa présence…

« Pour moi, frères, quand je vins à vous, je ne vins pas vous porter le témoignage de Dieu avec le prestige de l’éloquence ni de la philosophie. Tandis que j’ai été parmi vous, je n’ai jugé savoir qu’une seule chose, Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Tout ce temps, je l’ai passé dans la faiblesse, la crainte, le tremblement ; mes discours, ma prédication ne puisaient pas leur force dans les arguments de la philosophie, ils la puisaient dans les démonstrations vives de l’Esprit et de la puissance divine[2], afin que votre foi ne reposât pas sur la sagesse des hommes, mais sur la force de Dieu.

« Nous avons bien notre sagesse, mais nous ne l’exposons

  1. Comp. Matth., xvi, 1 et suiv.
  2. C’est-à-dire les phénomènes spirites et les miracles.